Depuis vingt ans, Morin s'acoquine fort avec ses obsessions — des obsessions au sens où l'entendait Barthes dans son Michelet. Il ne les refoule guère, ni ne les exile. Il les apprivoise à son écriture. Parce que l'écriture-Morin — tout ensemble investigation, message et catharsis — c'est le contraire, le revers même de la démarche universitaire. Il le dit à confesse: « Autodidacte par complexion... incorrigible autodidacte, je bricole par tâtonnements, erreurs, incertitudes à partir d'un matériau que je trouve dans les disciplines les plus diverses, à partir d'idées-clefs... aux frontières des disciplines traditionnelles, je bricole la théorie qui... correspond aux questions que je crois fondamentales ». Livre-confession assurément, comme chacun des précédents.